lundi 4 juin 2012

Le Mexique d'Aujourd'hui : Le Cri de Liberté de la Jeunesse

Article écrit par Lydia Cacho pour le magazine Sin Embargo.
Source : Courrier International.

N'oubliez pas de lire la brève "Mal recu !" afin de bien comprendre ce contexte agité de campagne présidentielle.


Manifestation étudiante à Mexico, le 23 mai.
Manifestation étudiante à Mexico, le 23 mai.
Mal reçu !
Le candidat à la présidentielle du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) Enrique Peña Nieto a rendu visite aux étudiants de l’université privée Ibéro-américana le 14 mai dernier, un établissements privé très prestigieux au Mexique. Contrairement à ce que le candidat attendait, il a été mal reçu par des étudiants protestant contre sa candidature et contre la possibilité que le Parti révolutionnaire revienne au pouvoir après dix ans d’absence. Le même parti qui avait régné sur le Mexique pendant 71 ans. Peña Nieto est donné gagnant au premier tour de la présidentielle du 1er juillet.  Cette manifestation a fait boule de neige, le mouvement s'est propagé aux autres universités publiques et privées. Les "enojados", les indignés mexicains, protestent ponctuellement depuis presque maintenant deux semaines. Comme les étudiants canadiens ou les jeunes protagonistes des révoltes arabes, les Mexicains se donnent rendez-vous par le biais de Twitter et Facebook et se reconnaissent sous l’étiquette#YoSoy132 en référence au nombre d’étudiants qui ont manifesté la première fois.
Ce n'est pas un hasard. Tandis qu'au Mexique les étudiants se soulèvent dans la dignité face à la sottise politique et aux manipulations médiatiques, le printemps érable québécois en est déjà à sa quatorzième semaine. Les jeunes Québécois se rebellent contre le projet gouvernemental d'augmentation de 75% de frais universitaires. Ils font valoir que si ce gouvrnement peut sauver les banques, il doit taxer les établissements financiers afin que l'enseignement soit gratuit. Ils ont raison. Les sauvetages bancaires sont l'une des grandes pathologies du capitalisme du XXIè siècle. 

Le mouvement né en Espagne avait démontré le ras le bol des jeunes, qui savent bien que l'arrivée de la droite au pouvoir ne fera que réduire encore les libertés et aggraver la fracture sociale.

Parmi les étudiants de l’Ibero [l’Université privée et très prestigieuse Ibéro-américana], certains tiennent déjà un discours plus complexe que celui de la simple colère face à un candidat orgueilleux [Enrique Peña Nieto, gouverneur de l’Etat de Mexico et candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)], que rien ne décoiffait [ses cheveux dignes d’un protagoniste de telenovela sont objets de moqueries] et qui a pourtant fini par se cacher dans les toilettes à cause de la rébellion étudiante. 

Pour les jeunes Mexicains, la décadence du pays est déjà devenue un problème personnel. Ce sont les moins de trente ans qui sont les plus souvent victimes d’une répression sélective de la part des services de sécurité (police, armée, etc.). Plus ils remettent en cause le pouvoir en place, plus ils s’exposent à être victimes de la répression, de la violence, parfois même au péril de leur vie. Ici j’inclus ma corporation journalistique et celle des défenseurs des droits de l’homme. 

Ces étudiants sont promis à un avenir incertain, ils se sentent victimes d’un système éducatif obsolète qui ne les prépare pas à la réalité de ce siècle. Ils constatent, à des degrés divers, le vide moral que leur ont laissé les maîtres du Mexique, ces patrons et ces politiques dont la collusion a profondément affaibli le pays.

Ils sont une génération qui refuse de se laisser enfermer dans la catégorie des Ninis [ceux qui ne veulent ni étudier ni travailler], car comme l’a dit une jeune Mexicaine sur Twitter : "Le nini, c’est le Mexique : il ne nous assure ni enseignement gratuit de bon niveau, ni égalité des chances". 

Il faut remercier Peña Nieto d’avoir été le déclencheur imparfait d’une rébellion parfaite et indispensable. Parfaite parce qu’elle naît de la base, parce qu’elle n’obéit à aucune stratégie occulte, parce qu’elle se déroule dans la dignité, parce qu’elle porte un discours clair contre la manipulation médiatique et politique. Mais aussi et surtout parce qu’elle s’enracine dans la volonté qu’ont les jeunes d’exprimer librement leurs idées politiques, y compris en insultant un candidat qui les inquiète et dont le cynisme est devenu inacceptable. Peut-être Peña Nieto a-t-il couru à sa perte en jouant la carte de la jeunesse. Seuls les jeunes voulant vivre à l’ombre du pouvoir répondent volontiers à son appel, les autres se démarquent de lui, ils se savent meilleurs, ils refusent d’être ses sujets.

Elena Poniatowska [écrivaine mexicaine] a dit que c’était le nouveau mai 68. C’est aussi une rébellion face à un autoritarisme qui nous promet la paix moyennant le silence, qui nous promet la sécurité moyennant l’argent, qui nous promet toujours plus de continuité. Aujourd’hui, la jeunesse mexicaine, laissée pour compte depuis si longtemps, réclame un pays différent et libre. Il n’y a pas que des mots derrière, mais quelque chose de bien plus puissant : un cri de liberté par lequel les jeunes se réapproprient la rue dans un pays "adultocentrique" et très peu démocratique. Et cela, c’est déjà un premier pas.


Pour ceux qui désirent en savoir plus sur l'auteure, Lydia Cacho, reconnue internationalement pour sa lutte pour le droit des femmes, voici sa biographie :   
- en francais (très courte) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lydia_Cacho
- en espagnol (beaucoup plus complète) : http://es.wikipedia.org/wiki/Lydia_Cacho

vendredi 25 mai 2012

Le Mexique d'Hier : Teotihuacan, le berceau du 5e soleil

Source : article disponible sur http://livres.lemondeprecolombien.com/

Source : revemexicain.com


Teotihuacan en chiffres



Source : www.americas-fr.com
   La cité de Teotihucan naît au début de notre ère à une altitude qui se situe entre 2250 et 2280 m. A son apogée, entre 200 et 600 apr. J.-C. sa population dépasse 100 000 habitants pour une surface voisine de 20 km². L’axe principal de la cité, orienté Nord-Sud, et sur lequel s’ouvrent les monuments principaux, mesure  environ 4 km sur 90 m de large.

 Trois grands ensembles architecturaux sont particulièrement remarquables : la pyramide du Soleil, la pyramide de la Lune et le Temple du Serpent à Plumes (ou Quetzalcoatl) au sein de la « Citadelle ». La pyramide du Soleil qui repose sur une base de 222m x 225m s’élève à 63 mètres de hauteur et sa masse est équivalente à celle de la Grande Pyramide (Kéops) en Egypte. 
La pyramide de la Lune, haute de 46 m, repose sur une base de 140 m x 150 m. La construction des deux pyramides datent de la phase Tzacualli (1 – 150 de notre ère). 
Le Temple du Serpent à Plumes est postérieur. Sa construction appartient à la phase Miccaotli (150 – 250 de notre ère).
 
   C’est lors de cette phase que la cité a été divisée en quatre quartiers, séparés par l’axe Nord-Sud de l’Allée des morts et la voie Est-Ouest. Le Temple du Serpent à plumes (au sein de la « Citadelle »), et le Grand Ensemble sacré qui lui fait face se situent précisément au cœur de la cité.

Lien direct vers la partie 1 du documentaire (France 5) :   http://www.dailymotion.com/video/x76n8k_teotihuacan-le-berceau-du-cinquieme_shortfilms

Lien direct vers la partie 2 du documentaire (France 5) : http://www.dailymotion.com/video/x76qhp_teotihuacan-le-berceau-du-cinquieme_shortfilms

Autres liens :


- La cité de Teotihuacan en 3D, visite virtuelle : http://www.inah.gob.mx/paseos/sitioteotihuacan/

- Les dernières découvertes suites aux fouilles sous le temple du serpent à plumes :
      - L'accès au tunnel : http://www.youtube.com/watch?v=7CeUID1RWDk
      - Offrandes et sacrifices au coeur des Pyramides de Teotihuacan, entrevue avec Grégory Pereira, archéologue spécialiste de l’ostéologie et de l’anatomie humaine au CNRS – Paris I (Panthéon-Sorbonne) : http://livres.lemondeprecolombien.com/

jeudi 24 mai 2012

Le Mexique d'Aujourd'hui : A la rencontre des Mexicains

Emission : J'irai dormir chez vous (France 5, 2009)


"À nouveau sur les routes, Antoine débarque au Mexique, pour un voyage haut en couleurs !

   A Cuernavaca, il commence fort en demandant aux pompiers amusés d'aller à la caserne avec eux. Pas de chance, il faut une autorisation. Sur une place, il aperçoit un rassemblement de musiciens en costumes. Ici le client passe et sélectionne ceux dont il a besoin pour animer sa soirée. Comme un self-service ! 

   Un peu plus loin, Antoine s'introduit dans un centre culturel. Il fait la connaissance d'une troupe de jeunes danseurs qui l'invitent à leur spectacle le lendemain. 

   Après le show, il les suit à une soirée d'anniversaire très luxueuse : au Mexique, les 15 ans d'une jeune fille sont un événement important. Ambiance bal de promo garantie !

   Puis Antoine va à Piste, une petite ville du Yucatan. Il tombe sur la célébration bruyante de la vierge de Guadalupe : retraite aux flambeaux, chants et feux d'artifices... explosifs ! 

   En traversant un petit village hors du temps, il rencontre un groupe de forgerons qui fabriquent des outils en métaux de récupération. Ils partagent un verre mais ne l'invitent pas chez eux. Le globe-squatteur passe la nuit dans la salle municipale du village. 

   Antoine termine son périple à Oaxaca, une petite ville touristique où Noël bat son plein. Antoine va réussir ici, ce qu'il a raté en Finlande : il va dormir chez le Père Noël ! La famille l'accueille chaleureusement, intriguée par cet olibrius bardé de caméras. Il terminera son voyage par une joyeuse fête familiale." 

Lien direct (problème de durée limitée parfois) : http://www.purevid.com/v/231qpflx1x0tqzr6673/

Le Mexique d'Hier et d'Aujourd'hui : Les Trésors du Mexique

Emission : Des Racines et des Ailes (France 3, février 2011)

    "Le Mexique, c'est le berceau de civilisations parmi les plus brillantes de l'Histoire de l'Humanité. Depuis les environs du 20ème siècle avant Jésus-Christ, jusqu'à la conquête espagnole au début du 16ème siècle, ces sociétés se développent sans aucun contact avec le reste du monde. Elles inventent des formes d'organisations sociales et politiques originales, dont témoigne un exceptionnel patrimoine architectural.   Mayas, Aztèques, Olmèques, Tarasques... une mosaïque de civilisations unies par un héritage culturel commun, mais ayant chacune leur originalité. 

   En compagnie des archéologues français Dominique Michelet et Grégory Pereira, nous partons à la rencontre de ces cultures. Tous deux sont des spécialistes internationalement reconnus du monde préhispanique. Ils nous font partager leur quotidien et nous entraînent sur quelques uns des sites légendaires du Mexique ancien : Teotihuacan, Chichen Itza, les vestiges de l'ancienne cité aztèque de Tenochtitlan au cœur même de Mexico ; ils nous invitent à la rencontrent de ces civilisations mythiques. Ils nous font également découvrir des sites méconnus, d'une richesse insoupçonnée : 
- la région du Malpaïs dans l'état du Michoacan, où s'est développée la civilisation Tarasque : Grégory Pereira y dirige depuis 2008 un chantier de fouilles archéologiques qui lui réserve d'incroyables surprises ! 
- la cité de Rio Bec, dans la péninsule du Yucatan : une cité perdue au cœur de la forêt, à laquelle Dominique Michelet et ses équipes viennent de redonner vie après dix ans de fouilles et de restauration. 3000 ans de civilisation qui vont pourtant être balayées en quelques années seulement. 

   Car le Mexique, c'est aussi la rencontre entre deux cultures. En 1519, les cavaliers espagnols arrivent dans ce nouveau monde. Conduits par Hernan Cortes, les conquistadores imposent leur domination aux peuples préhispaniques et installent jusqu'à l'indépendance de 1810, une vice-royauté rattachée à la couronne hispanique : la Nouvelle Espagne. La Nouvelle Espagne transforme radicalement le paysage mexicain. Les villes coloniales se développent et avec elles les somptueuses églises, chargées d'apporter la nouvelle religion aux peuples indiens. Le développement économique du pays s'accompagne de la création de grands domaines consacrés à l'élevage et l'agriculture : les haciendas. Ces vastes propriétés comptent parmi les plus belles réalisations de la Nouvelle Espagne. 

   Le Mexique, c'est enfin un style artistique éblouissant : le baroque. Les façades des églises se couvrent d'ornements et de décorations d'une incroyable richesse. Les indiens s'en emparent et édifient de superbes monuments qui sont autant de témoignages du métissage qui se fait jour. L'historienne française Nadine Béligand et l'architecte mexicain Flavio Salamanca mettent en lumière cet incroyable patrimoine et nous font partager leur attachement au patrimoine du Mexique. Dans un esprit " road-movie ", ils nous entraînent sur quelques uns des sites emblématiques de la Nouvelle Espagne. La Antigua Veracruz, premier village fondé par des européens sur le continent américain, le Palais National de Mexico où le célèbre peintre Diego Rivera a choisi de fixer une œuvre magistrale relatant toute l'histoire du Mexique, l'hacienda de la famille Zermeño, l'une des rares haciendas mexicaines conservée quasiment intacte depuis sa fondation au début du 17ème siècle, ou encore la cathédrale de Zacatecas, un joyau de l'art baroque. 

Un surprenant voyage en compagnie de celles et ceux qui chaque jour œuvrent à la protection et à la préservation du patrimoine mexicain."

Lien direct (cliquer en haut à droite sur "autoplay" ou "lecture automatique" pour que les épisodes s'enchaînent) : http://www.dailymotion.com/video/xhwg4i_des-racines-des-ailes-tresor-de-mexique-16-02-11-1_webcam

Le Mexique d'Hier : Une histoire de chocolat


Article de KAMIL FADEL, Responsable du département physique au Palais de la Découverte à Paris



Les origines du chocolat remontent aux Amérindiens. Dans le panthéon mythologique des civilisations maya et aztèque, les fèves contenues dans la cabosse – le fruit du cacaoyer – étaient employées pour la préparation d’une boisson destinée aux dieux. Ces fèves servaient également de monnaie. Introduit en Europe par les Espagnols après la découverte de l’Amérique, le chocolat s’entoure très vite d’un halo de mystère et devient un sujet de controverse pendant près de trois siècles : bon ou mauvais pour la santé ? Autre controverse soulevée par l’Église : faut-il considérer cette boisson comme un aliment, à l’image du lait, ou plutôt comme une simple boisson, comme le vin ?

Les conquistadors découvrent le cacao

   C’est sans doute fin juillet1502, lors du quatrième voyage de Christophe Colomb (1451-1506) que les premiers Européens découvrent les fèves de cacao (se reporter à l’encadré Repères chronologiques). Près de vingt ans plus tard, Hernan Cortés (1485-1547) remarque le lien direct entre la richesse d’une terre et l’abondance de « ce fruit que l’on nomme cacao » (fig. 1) ; il rapporte quelques fèves pour Charles Quint
(1500-1558). Quant à l’humaniste italien Pierre Martyr d’Anghiera (1457-1526), il note l’existence en Nouvelle-Espagne d’un « vin bu par les rois et les grands seigneurs » préparé à partir « d’amandes qui servent de monnaie ».
   Il écrit : « La monnaie courante entre eux est le fruit d’un arbre auquel ils donnent le nom de cacao. […] ils en font également une boisson. »
   En effet, avec dix fèves, on pouvait acheter un lapin, avec cent… un esclave. Selon l’historien Gonzalo Fernandez de Oviedo y Valdès (1478-1557) : « Comme il y a dans ces contrées des femmes qui vendent leur corps, celui qui veut en faire un usage libidineux leur donne huit ou dix amandes... », soit autant que le prix d’un lapin…
   Le xocoatl (se reporter à l’encadré Repères étymologiques) n’est pas vraiment apprécié par les premiers Espagnols qui ne résistent pas à la tentation de goûter à la boisson : ils le trouvent trop amer et… trop épicé, puisque les autochtones y mettaient beaucoup de « chile ». De plus, aux yeux de beaucoup, la couleur des fèves et du breuvage rappelait celle des excréments…
   À ce propos, on raconte qu’en 1544, des pirates britanniques brûlèrent un chargement de fèves à bord d’un galion espagnol pensant qu’il s’agissait de crottes de chèvre ! Malgré tout, en raison de sa grande valeur marchande, ces « crottes de bique » retiennent fortement l’attention des Espagnols, mais aussi des corsaires de Hollande, alors sous domination espagnole. Une formidable contrebande de cacao s’installe alors dans toutes les Caraïbes, pendant que les Espagnols intensifient sur le continent américain l’exploitation des plantations de cacao. On assiste alors à une démocratisation de la consommation du xocoatl qui s’étend à l’ensemble de la population. Autre changement : l’introduction de la culture de la canne à sucre en Amérique par les Espagnols conduit à l’idée de sucrer le breuvage. On y ajoute ensuite de l’anis, de la cannelle, de l’arôme de vanille… Ainsi, progressivement, l’amer et épicé xocoatl est transformé en un breuvage que les Espagnols trouvent succulent : les premiers chocolaterias s’ouvrent au Mexique. La consommation du xocoatl s’étend au Venezuela et aux autres territoires conquis.
   Cependant, il faudra attendre les années 1580 avant que les conquistadors ne se décident à envoyer les premières cargaisons de fèves dans leur propre pays : jusque-là, ils conservaient jalousement ce trésor.


Le chocolat arrive en Europe 

   En Espagne, le xocoatl est préparé dans les monastères, réputés pour leur habileté dans le domaine de la pharmacopée. Lourdement taxée, la boisson est réservée – comme chez les Aztèques – aux rois. Les Flandres (Belgique, Pays-Bas), sous domination espagnole, découvrent également le chocolat, mais l’Espagne garde le secret de la recette de préparation de la boisson. Il fallait mettre fin au monopole espagnol…

Italie – 1606

   À cette époque l’Espagne possède une vaste part de l’Italie, c’est donc dans ce dernier pays que la boisson se diffuse d’abord, en particulier grâce au Florentin Antonio Carletti (1573-1636) qui l’introduit en 1606 à la cour de Ferdinand Ier de Médicis (1549-1609), puis dans le reste des provinces italiennes. Naples, Livourne… et surtout Turin et Venise s’imposent rapidement comme des centres de production de chocolat à boire.

France – 1615

   En France, l’introduction officielle du breuvage date de 1615, lorsque Anne d’Autriche (1601-1666), fille du roi d’Espagne et friande de chocolat, épouse Louis XIII (1601-1643). L’engouement pour le chocolat débute sous Louis XIV (1638-1715) et connaîtra un réelessor vers le XVIIIe siècle (fig. 2). En 1659, ce dernier accorde par lettres patentes à un certain David Chaillou, toulousain, le privilège exclusif pour une durée de vingt-neuf ans (réduit à quinze par le parlement de Paris) de fabrication et de vente sur toute l’étendue du royaume, « d’une certaine composition qui se nomme le chocolat […] soit en liqueur ou pastilles ou en boîtes, ou en telle autre manière qu’il lui plaira. » Chaillou prépare son chocolat à Paris, à l’angle de la rue de l'Arbre-Sec et de la rue Saint-Honoré où il ouvre la première boutique de « chocolat à boire » en 1671. L’initiative du RoiSoleil est peut-être une manœuvre diplomatique rapprochant la France et l’Espagne. En effet, elle précède de peu la signature du Traité des Pyrénées (1659) qui formalise la paix conclue entre les deux royaumes à l’issue de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Ensuite, en 1660, Louis XIV épouse Marie-Thérèse d’Autriche (1638-1683), fille du roi d’Espagne qui raffolait de chocolat qu’elle buvait en cachette. Quoi qu’il en soit, à cette époque, le chocolat n’est pas très connu du public : il est surtout apprécié à la cour, chez les religieux et les médecins. Le mot chocolat fait sa première apparition, dans le dictionnaire de Richelet en 1680.

Autriche et Allemagne – 1640

   Le chocolat à boire entre en Autriche et en Allemagne vers 1640, apparemment grâce à un certain Nurembergeois, Johann Volckammer, qui en ramène après un voyage à Naples. Par la suite, les moines répandent la consommation de la boisson dans l’Empire. À son retour d’Espagne, Charles de Habsbourg ou Charles VI (1685-1740) – empereur d’Allemagne – fait adopter la boisson à Vienne en 1711. C’est à cette époque que s’établit la tradition de la fameuse tasse de chocolat viennois.

Grande-Bretagne – 1657

   En 1655, les Britanniques prennent possession de la Jamaïque et de ses plantations de cacao. Deux ans plus tard, un Français ouvre à Londres la première chocolaterie britannique. Contrairement à ce qui se passait en France à cette époque, le chocolat devient vite une boisson à la portée de la classe moyenne anglaise. Progressivement, aux côtés de Coffee houses, apparues en 1652, fleurissent des Chocolate houses où l’on prépare le chocolat chaud avec du lait, du vin, ou un œuf que l’on ajoute aussi parfois au lait ! Entre 1657 et 1790, plus de deux mille maisons de chocolat ouvrent à Londres. En 1674, l’une d’elles, le Co ee Mill & Tobacco Roll, propose pour la première fois à ses clients du chocolat solide à croquer. À ce propos, signalons que le missionnaire dominicain d’origine britannique Thomas Gage (1595-1656) rapporta que les Amérindiens préparaient du chocolat solide en laissant la pâte de cacao sécher à l’ombre sur une feuille de palmite.


Le chocolat et l’imaginaire

   Les Indiens d’Amérique attribuaient des vertus thérapeutiques au beurre cacao pour guérir divers maux : on l’employait pour soigner le foie, les poumons… ou comme baume cicatrisant. L’un des premiers textes dans lequel il est spécifiquement question des vertus thérapeutiques du cacao et du chocolat est le traité de médecine de Augustin Farfan (1502-1604), médecin du roi d’Espagne, publié en 1579. Farfan indique que le chocolat permet notamment d’éliminer les calculs rénaux, mais il dénonce son abus.
   Après lui, Juan de Cardenas (1563-1610), professeur de médecine à l’université de Mexico amorce pour près de deux siècles un débat médical passionné sur les bienfaits et les méfaits du cacao. De nombreux traités signalent que « l’abus de chocolat, tout comme l’abus de tabac, est à proscrire ».
   Ainsi, Madame de Sévigné (1626-1696), partagée entre son amour du chocolat et la crainte que la consommation de la boisson provoque, écrit à sa fille en 1671 : « La marquise de Coëtlogon prit tant de chocolat étant grosse, qu’elle accoucha d’un petit garçon noir comme le diable, qui mourut. »
   Cela dit, les mauvaises langues prétendaient que le responsable était vraisemblablement… son esclave noir qui lui servait le chocolat tous les matins. Cardenas prend également parti dans une polémique qui fait rage à cette époque : le chocolat est-il oui ou non un aliment ? Rompt-il ou non le jeûne ecclésiastique ?
   En effet, beaucoup avaient pris l’habitude de boire du chocolat comme reconstituant pour mieux supporter le jeûne. En 1569, le pape Pie V (1504 1572) décide que le chocolat simple – à l’eau – ne rompt pas le jeûne. Mais après sa mort le problème resurgit. Selon Cardenas, le chocolat rompt totalement le jeûne. Pour d’autres, le chocolat préparé à l’eau ne condamne pas au péché celui qui en prend en période de jeûne, mais réduit ses mérites. Près de cent ans s’écoulent avant qu’un jugement définitif en la matière soit rendu en 1664. On le doit au cardinal napolitain Francesco Maria Brancaccio (1592-1675) qui affirme que le chocolat est une boisson comparable au vin et à la bière. À ce titre, il obéit à la règle établie par saint Thomas d’Aquin (1225-1274), règle selon laquelle seul l’aliment solide rompt le jeûne. Il ajoute toutefois une subtilité : la prise de chocolat pendant le jeûne peut être considérée comme un péché s’il est ingéré avec l’intention de rompre le commandement de l’Église…


Repères étymologiques : Cacao et chocolat

   « Cacao » dériverait de cacahuatl qui en Nahuatl – la langue des Aztèques – désignait la substance que l’on tirait des fèves contenues dans le fruit du cacaoyer. Cette hypothèse est cependant controversée, car les Aztèques n’entrèrent en relation avec les zones de culture du cacao que bien après la culture de l’arbre pour ses fèves. Vraisemblablement, le cacahuatl des Aztèques dérive lui-même de cacau des Mayas, terme que ces derniers employaient pour désigner le fruit de l’arbre. C’est d’ailleurs les Mayas qui découvrent la préparation de la boisson qu’ils appelaient chacau haa, un breuvage rituel qui symbolisait le sang. Après le soudain déclin inexpliqué des Mayas à partir du XIe siècle, les Toltèques et les Aztèques venus du nord baptisèrent la boisson xocoatl, prononcé chocoatl, dont l’étymologie est mal connue. Contrairement aux Mayas, les Aztèques consommaient la boisson chaude ou tiède.

Cabosse
   La cabosse est le fruit du cacaoyer. Il dérive de l’espagnol cabeza qui signifie « tête » : aux yeux des conquistadors espagnols, la forme du fruit du cacaoyer rappelle celle d’une tête ! Étrange, car la cabosse est très oblongue et ne ressemble pas vraiment à cette partie du corps. Cette allusion à la tête se comprend mieux lorsque l’on sait que les Amérindiens avaient l’habitude de masser le crâne du nourrisson, encore pourvue de fontanelle, afin de lui donner – pour des raisons esthétiques – une forme oblongue justement.

Informations supplémentaires sur l'élaboration du chocolat à partir du cacao : http://maitrequeux.free.fr/chocolat/la_filiere_cacao.htm



Le Mexique d'Aujourd'hui : Presunto Culpable (Présumé Coupable) ou le parcours d'un condamné dans les arcanes de la justice mexicaine

Documentaire : Presunto Culpable (2011)


Article des Inrocks (Arnaud Hallet) :

"Un documentaire qui met en lumière les déficiences du système judiciaire mexicain. Ce même système judiciaire souhaite retirer le film des écrans. Retour sur une affaire pas encore résolue.

   Réalisé par deux avocats, le documentaire Présumé coupable (Presunto culpable) est menacé d’une interruption de sa diffusion en salles par le système judicaire mexicain. Le film revient sur l’affaire Antonio Zuniga. Alors accusé d’avoir assassiné Juan Carlos Reyes (membre d’une bande de délinquants) Zuniga tente en vain de prouver son innocence. Même si plusieurs éléments jouent en sa faveur, la condamnation tombe : 20 ans de prison pour le jeune homme de 26 ans.

   Deux avocats, Roberto Hernandez et sa compagne Layda Negrete, après avoir été interpelés par les proches de l’accusé, décident de se pencher sur ce cas judiciaire en réalisant un film sur le sujet. Ils recrutent un troisième avocat pour trouver la faille et rouvrir l’affaire. Le documentaire revient sur le procès en appel qui jugea Antonio Zuniga innocent. Il fut libéré après deux ans et demi passés en prison.

   Diffusé au Mexique depuis le 18 février, Présumé coupable connait un joli succès pour un documentaire (plus de 900 000 entrées dans quelques 200 salles depuis sa sortie le 18 février). Jusqu’au jour où la justice mexicaine tente d’interrompre sa diffusion en salles.

La suspension provoque un tollé général


   Un recours contre le film a en effet été déposé par un cousin de la victime, Victor Daniel Reyes Bravo, principal témoin à charge contre l’accusé. Dans le documentaire, on le voit se rétracter devant les caméras, avouant ne pas avoir vu Antonio Zuniga tirer sur la victime. Il estime que les images avaient été filmées sans son autorisation et qu’elles portaient atteinte à sa vie privée.

   Seulement, cette décision de suspension provoque un tollé général : la presse et  les partis politiques de tout bord s’indignent, estimant qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté d’expression. Dans une interview radio (comme le signale Le Monde), Roberto Hernandez, coréalisateur du film, soumet l’hypothèse d’une manipulation du plaignant :

   "Durant le tournage, il ne s’est jamais opposé à être filmé. (…) Nous ne savons pas par qui ni à quelles fins, mais il semble clair qu’une personne l’utilise."

   Alejandro Ramirez, directeur général de Cinépolis (distributeur du film) s’exprime également : "il est ironique qu’un film, qui révèle les erreurs et déficiences du système judiciaire mexicain, soit victime de ce même système".

   La suspension de la diffusion du film devait durer  entre une et deux semaines, le temps qu’un juge décide de la prolonger ou non pendant toute la procédure de recours.

   Cependant, deux jours après la décision, un tribunal mexicain, estimant que cela portait préjudice à « l’intérêt social » annule le verdict judiciaire: le documentaire continue à être projeté. Préservé par l’anonymat, une source de la chaine Cinépolis communique à l’AFP : "pour l’instant, on n’a pas reçu l’ordre officiel de la suspension et le film va continuer à être projeté".

   Vendredi 11 mars, a lieu la première séance d’examen sur le fond du recours du plaignant. Quoiqu’il en soit, Présumé coupable ne devrait cesser d’accroitre sa popularité avec cette tentative bruyante de censure." 

Lien direct (documentaire en espagnol avec sous-titres anglais) : http://www.youtube.com/watch?v=dCLyehdEdys


Le Mexique d'aujourd'hui : l'agriculture mexicaine face à une multinationale du transgénique

Documentaire : Le Monde selon Monsanto




"Ce film retrace l’histoire de Monsanto, une multinationale américaine, aujourd’hui leader mondial des OGM, et considérée comme l’un des plus grands pollueurs de l’ère industrielle (PCB, agent orange, hormones de croissance, roundup...). Après une enquête de trois ans, en Amérique du nord et du sud, en Europe et en Asie, il reconstitue la genèse d’un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de collusion avec l’administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption, est devenu l’un des premiers semenciers de la planète. En s’appuyant sur des documents et des témoignages inédits de scientifiques, victimes de ses activités toxiques, avocats, hommes politiques et de représentants de la Food and Drug Administration ou de l’Environmental Protection Agency des Etats Unis, le documentaire montre comment, derrière l’image d’une société propre et verte décrit par la propagande publicitaire, se cache un projet hégémonique menaçant la sécurité alimentaire du monde, mais aussi l’équilibre écologique de la planète."

Lien direct : http://video.google.com/videoplay?docid=-8723985684378254371

Le Mexique d'Hier : le Calendrier Maya et la véritable signification de l'an 2012

Conférence de Bruce Love à l'Université Franco Marroquin de Guatemala Ciudad (Mai 2011)
En espagnol





"Bruce Love, en se fondant sur des antécédents historiques ainsi que sur des études déjà réalisées, présente une interprétation de l'information recollectée sur le calendrier maya, dans laquelle il montre les glyphes qui expriment différentes idées, périodes ou nombres qui sont représentés par des volutes ou des têtes d'animaux, entre autres. 

Il explique également comment on peut interpréter le "compte long" qui a un rapport avec l'année 2012 ; il  parle des prophéties contenues dans les livres de Chilam Balam. Finalement, il explique quel est le calendrier qui survit encore chez les Mayas d'aujourd'hui; des études que de jeunes mayas réalisent actuellement sur des glyphes afin de mieux connaître leur culture et en même temps se poser en interprètes de la symbologie maya."

Lien direct : http://newmedia.ufm.edu/lovecalendario2012
Site internet : http://newmedia.ufm.edu/gsm/index.php/Lovecalendario2012

Lien vers une entrevue de Louise Paradis, professeur au département d'anthropologie de l'Université de Montréal, spécialiste en archéologie et ethnohistoire de la Mésoamérique, sur la fin du monde en 2012 : http://www.cerium.ca/La-fin-est-proche-La-fin-du-monde

mercredi 23 mai 2012

Le Mexique économique et social d'Aujourd'hui

Emission : le Dessous des Cartes (2007)



Le Mexique d'Aujourd'hui : Chaos ou Eldorado ?

Emission : Un oeil sur la planète (Janvier 2012)



"Le Mexique est méconnu en France, trop souvent assimilé à quelques mots-clichés. Il y a ceux qui évoquent la violence : « cartels » et « narcos » et eux qui évoquent la fête au soleil : « téquila », « tortillas », « sombreros ». C’est à peu près tout, en dehors des émissions sur le patrimoine aztèque ou maya... L’année du Mexique en France devait permettre de combler nos lacunes mais elle a été annulée avec l’affaire Florence Cassez…

 Autant dire que notre vision du Mexique est un peu étriquée. Le Mexique qui préside en ce moment le G20, est un pays important. 3 fois la France en superficie, 112 millions d’habitants, c’est le premier pays hispanophone au monde et la première puissance commerciale d’Amérique latine. Ce sera l’une des premières économies du monde dans les années à venir.

Alors, le Mexique, chaos ou Eldorado ? , sans doute un peu des deux…"


Lien direct : mms://a988.v101995.c10199.e.vm.akamaistream.net/7/988/10199/3f97c7e6/ftvigrp.download.akamai.com/10199/cappuccino/production/publication/France_2/Autre/2012/S01/J2/365439_uoslp_20120102.wmv

Le Mexique d'Hier : Les Mayas pour les Nuls !

Emission : C'est pas sorcier ! (France 3)



  Fred, Jamy et Sabine sont à Calakmul, au beau milieu de la jungle mexicaine. Depuis ce site extraordinaire qui vit l’apogée de l’une des plus grandes cités mayas, nos trois compères retracent l'histoire de cette civilisation dont la disparition demeure un mystère.
   La cité de Calakmul avait totalement disparu, engloutie par la végétation. Lorsqu’elle fut redécouverte en 1931, c’est une véritable ville qui se révéla, avec ses monuments, ses temples et ses habitations. Avec l’aide d’archéologues qui travaillent sur le site, Fred nous fait découvrir la vie quotidienne qui existait autrefois dans cette grande cité. Nous apprenons comment les Mayas se représentaient le monde, quelle était leur organisation sociale, religieuse, comment ils comptaient ou écrivaient... Fred s’est également rendu dans un de ces villages mayas qui se blottissent dans les terres, à l’écart des routes principales. Il y a rencontré des indiens qui parlent encore l’une des 28 langues mayas."


Lien direct : http://video.google.com/videoplay?docid=-1388093260847219408