Documentaire : Presunto Culpable (2011)
Article des Inrocks (Arnaud Hallet) :
"Un documentaire qui met en lumière les déficiences du système judiciaire mexicain. Ce même système judiciaire souhaite retirer le film des écrans. Retour sur une affaire pas encore résolue.
Réalisé par deux avocats, le documentaire Présumé coupable (Presunto culpable) est menacé d’une interruption de sa diffusion en salles par le système judicaire mexicain. Le film revient sur l’affaire Antonio Zuniga. Alors accusé d’avoir assassiné Juan Carlos Reyes (membre d’une bande de délinquants) Zuniga tente en vain de prouver son innocence. Même si plusieurs éléments jouent en sa faveur, la condamnation tombe : 20 ans de prison pour le jeune homme de 26 ans.
Deux avocats, Roberto Hernandez et sa compagne Layda Negrete, après avoir été interpelés par les proches de l’accusé, décident de se pencher sur ce cas judiciaire en réalisant un film sur le sujet. Ils recrutent un troisième avocat pour trouver la faille et rouvrir l’affaire. Le documentaire revient sur le procès en appel qui jugea Antonio Zuniga innocent. Il fut libéré après deux ans et demi passés en prison.
Diffusé au Mexique depuis le 18 février, Présumé coupable connait un joli succès pour un documentaire (plus de 900 000 entrées dans quelques 200 salles depuis sa sortie le 18 février). Jusqu’au jour où la justice mexicaine tente d’interrompre sa diffusion en salles.
La suspension provoque un tollé général
Un recours contre le film a en effet été déposé par un cousin de la victime, Victor Daniel Reyes Bravo, principal témoin à charge contre l’accusé. Dans le documentaire, on le voit se rétracter devant les caméras, avouant ne pas avoir vu Antonio Zuniga tirer sur la victime. Il estime que les images avaient été filmées sans son autorisation et qu’elles portaient atteinte à sa vie privée.
Seulement, cette décision de suspension provoque un tollé général : la presse et les partis politiques de tout bord s’indignent, estimant qu’il s’agit d’une atteinte à la liberté d’expression. Dans une interview radio (comme le signale Le Monde), Roberto Hernandez, coréalisateur du film, soumet l’hypothèse d’une manipulation du plaignant :
"Durant le tournage, il ne s’est jamais opposé à être filmé. (…) Nous ne savons pas par qui ni à quelles fins, mais il semble clair qu’une personne l’utilise."
Alejandro Ramirez, directeur général de Cinépolis (distributeur du film) s’exprime également : "il est ironique qu’un film, qui révèle les erreurs et déficiences du système judiciaire mexicain, soit victime de ce même système".
La suspension de la diffusion du film devait durer entre une et deux semaines, le temps qu’un juge décide de la prolonger ou non pendant toute la procédure de recours.
Cependant, deux jours après la décision, un tribunal mexicain, estimant que cela portait préjudice à « l’intérêt social » annule le verdict judiciaire: le documentaire continue à être projeté. Préservé par l’anonymat, une source de la chaine Cinépolis communique à l’AFP : "pour l’instant, on n’a pas reçu l’ordre officiel de la suspension et le film va continuer à être projeté".
Vendredi 11 mars, a lieu la première séance d’examen sur le fond du recours du plaignant. Quoiqu’il en soit, Présumé coupable ne devrait cesser d’accroitre sa popularité avec cette tentative bruyante de censure."
Lien direct (documentaire en espagnol avec sous-titres anglais) : http://www.youtube.com/watch?v=dCLyehdEdys
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